Translate

samedi 17 septembre 2016

Biarritz – Ciboure



               Mercredi 2 septembre 2015 : Biarritz – Ciboure 19 km
Petite plage de Biarritz


     Le Camino Norte est le prolongement espagnol de la voie de Soulac, ce chemin secondaire qui part de Soulac-sur-mer pour rejoindre Santiago. À  lire les récits sur le sujet, certains placent le début du Norté à Bayonne, d’autres à Irun. Pour ma part et pour des raisons de commodités, j’ai prévu de rejoindre ce chemin à Biarritz par un vol Lyon – Biarritz. Je voyage à côté d’une infirmière lyonnaise d’Edouard  Herriot. Elle est extrêmement  sympathique et nous papotons durant tout le voyage. Elle va retrouver son mari, un ex-avocat fiscaliste qui passe sa retraite à Biarritz. Elle me raconte ses occupations au Pays Basque, sa passion pour les champignons, me montre des photos. Je ne vois pas le temps passer, déjà, c'est la descente sur Biarritz.  
   Mon hébergeuse, Sophie, m’a donné rendez-vous à l’aéroport pour me conduire à son gîte : une chambre qu’elle loue dans son appartement tout près du rocher de la Vierge. Après un dîner en ville sur la place St Eugénie, je la retrouve chez elle et nous faisons davantage connaissance. Elle m’explique qu’elle est professeur d’université et en parallèle fait de la recherche. Son travail consiste à donner un sens aux enluminures qui illustrent certains livres de l’époque moyenâgeuse. Elle me fait découvrir sa façon de procéder : une passionnée ! Elle me raconte également faire du planeur et du para pente sur les hauteurs de Itxassou, un site que je connais bien, car c’est là que nous résidons tous les ans avec mon épouse, lorsque nous sommes en cure à Cambo les Bains. Quand je lui dis que nous adorons rechercher des yeux de Sainte Lucie sur la plage d’Anglet, elle me raconte que sa passion à elle, peut-être est-ce dû à sa formation de géologue, consiste à trouver des fragments de cristal de roche. Elle m’explique que le moment idéal pour faire la meilleure collecte, se situe après une averse, au moment où le soleil réapparaît faisant miroiter ces joyaux qui viennent tout juste d’être lavés par la pluie ; il ne reste alors plus qu’à les ramasser. Elle me montre une partie de sa collection étalée sur le dessus de la cheminée et m’en offre un. Merci Sophie.
   Sophie n’a pas de cachet pour tamponner ma crédential alors elle me conseille de me rendre à la petite église toute proche me disant que j’y trouverai des sœurs. En fait l’église est fermée et c’est sans ce premier tampon que je prends le chemin. Maintenant, il me reste à trouver les coquilles. Venant de Bayonne, le chemin longe la côte au plus près de l’océan. Je rejoins le littoral au niveau de la plage des Basques, mais toujours pas la moindre flèche, la moindre balise. Je renonce à me renseigner auprès des passants : ici, ils sont touristes ou retraités et sont bien loin de penser qu’ils se trouvent sur un des chemins qui conduit à Saint-Jacques de Compostelle. Il faut atteindre les hauteurs de Bidart pour rencontrer les premières coquilles : me voilà rassuré, je commence à me sentir chez moi.
Vers Bidart

    Le ciel est encore chargé des restes de l’orage d’hier, mais depuis ce matin, c'est le soleil qui s’impose. Le sentier domine la mer et ce rivage si particulier auquel l’érosion a donné à la roche cet aspect bien caractéristique de piles d’assiettes. C’est là que je rencontre les deux premiers pèlerins, en fait des pèlerines, deux jeunes filles de 25 ans qui font le chemin à vélo : l’une vient de Cannes et l’autre de Berlin. Elles se donnent une quinzaine de jours pour rejoindre Santiago.
   Après avoir traversé Guéthary, je découvre Saint-Jean-de-Luz au niveau de la petite colline qui surplombe la pointe Sainte Barbe. En bas la plage est occupée par les derniers vacanciers de l’été, encore nombreux à cette période de l’année. C’est l’heure du déjeuner : bars et terrasses de restaurants sont bondés. À cette saison la mer est encore douce alors je n’hésite pas à marcher dans l’eau sur toute la longueur de la baie pour gagner Ciboure où j’ai réservé pour la nuit. Traversant la place Louis XIV avec mon sac à dos et mes bâtons, j’ai l’impression de faire un peu tache dans ce décor de vacances : un pèlerin dans la ville ! Peu après je découvre mon hébergement, situé au dernier étage d’une maison de ville. Je suis déçu, car c’est limite propre et le confort n’est pas top : pièce mansardée, escalier étroit et même dangereux, accueil à minima, je pense être tombé chez ce que l’on nomme un vendeur de sommeil. Un autre pèlerin occupe la chambre avec moi : il a mon âge, se prénomme Gérard et habite Lyon ; un gars sympathique que je retrouverai à plusieurs reprises sur le chemin. Il a choisi de dîner sur place avec quelques victuailles qu’il tire de son sac ; pour ma part et afin de passer le minimum de temps dans cet univers qui est infesté par l’odeur du tabac, je rejoins Saint-Jean-de-Luz pour déguster une pizza.


                     



Les Jumeaux sur la plage de Biarritz